Ferveur et engagement : l’art comme vecteur d’espoir

29.07.25

Images indociles, mots qui résistent, identités en lutte contre l’anthropocentrisme ou les mécanismes capitalistes… l’engagement est au cœur des thématiques d’expositions de cet été 2025.

Avec Nan Goldin en invitée d’honneur de la 56ᵉ édition des Rencontres d’Arles, et la langue arabe invitée de la 79ᵉ édition du festival d’Avignon sur fond de guerre à Gaza, il était attendu que les programmations des deux événements culturels emblématiques du mois de juillet dans le Sud de la France résonnent avec l’actualité et les revendications d’un monde en proie au trouble et aux violences. Tandis qu'à Nice, dans le sillon de la troisième Conférence des Nations Unies sur l'Océan (UNOC 3), la ville a transformé sa Biennale des Arts en Biennale des Arts et de l’Océan, nombre d'expositions se font chambre d’écho des préoccupations écologiques. 

Qu’il dénonce la barbarie humaine ou qu’il chante la fragilité d’être au monde, qu’il invoque le détachement et la poésie ou qu’il s’érige en principe de conscience, l’art s’impose à la fois comme mode de résistance et comme vertu d’espérance.

Images indociles

De l’Australie au Brésil, en passant par l’Amérique du Nord et les Caraïbes, le monde est ébranlé par la montée des nationalismes, l’essor du nihilisme et les crises environnementales. C’est ce que reflètent les regards photographiques de cette 56ᵉ édition des Rencontres d’Arles, contrepoints essentiels aux discours dominants, célébrant la diversité des cultures, des genres et des origines.

1/11 Rencontres de la photographie - Arles

Les rencontres de la photographie

46 expositions de photographie envahissent 26 lieux emblématiques d’Arles et de son agglomération – des chapelles médiévales aux bâtiments industriels, dont certains ouverts pour l’occasion –, faisant l’objet d’une scénographie unique. Visites guidées des expositions, ateliers jeune public, stages de photographie…

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Glamour, conso et débordement

Dans une exposition collective chez Mécènes du Sud, le « cut-up » — expérimentation par l’écriture et le collage — devient métaphore, entre tentatives de résistance, mécanismes de séduction, expressions d’une protestation et stratégies de survie.

2/11 Mécènes du Sud Montpellier-Sète - Montpellier

Monopolis

L'exposition de la commissaire Lou Ferrand emprunte un certain nombre de tropes, réels ou fantasmés, à la ville néolibérale contemporaine. Elle vient y opposer des contradictions : le glamour et le débordement, la consommation et la manifestation, l’actualité et la poésie. Les artistes invité·es, issu·es de différentes disciplines artistiques et générations, ont en commun d’expérimenter l’écriture et le collage pour poser la question du cut-up comme métaphore, entre tentatives de résistance, mécanismes de séduction, expressions d’une protestation et stratégies de survie.

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Corriger un déséquilibre

« J'ai pris de plus en plus conscience de la manière dont les artistes femmes ont été constamment sous-représentées et sous-évaluées dans les collections muséales, mais aussi dans le domaine académique et sur le marché de l’art », explique le collectionneur Christian Levett, qui a fermé son Musée d'Art Classique à Mougins pour créer FAMM, le premier musée en Europe à posséder une collection permanente dédiée exclusivement aux artistes femmes.

3/11 FAMM - Mougins

FAMM : La collection

En attendant le programme d’expositions temporaires du FAMM, qui débutera après l’été, les visiteurs peuvent découvrir une sélection d’œuvres de la collection permanente, couvrant les principaux courants artistiques, de l’impressionnisme à l’art contemporain. Près de 100 œuvres issues de la Collection Christian Levett sont ainsi exposées, réalisées par près de 90 artistes du monde entier. Parmi elles, Berthe Morisot, Joan Mitchell, Lee Krasner, Alice Neel, Marina Abramović, Frida Kahlo, Tracey Emin, Sarah Lucas.

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Se transformer en oiseaux

À moins que le combat pour la liberté se situe dans le renoncement aux vains attachements terrestres, comme le suggère la Huppe dans « le Cantique des oiseaux », fantastique poème du poète persan 'Attâr, qui enjoint ses congénères à entreprendre le voyage loin de ce bas monde. 

4/11 Châteauvert - Châteauvert

Et l’ombre disparaîtra dans le soleil, Katia Kameli

L’exposition monographique Et l’ombre disparaîtra dans le soleil de Katia Kameli rassemble un ensemble d’œuvres existantes ainsi que de nouvelles productions spécialement réalisées pour le Centre d’art. Inspirées du Cantique des Oiseaux, conte du poète persan Farid od-din Attar, cette recherche s’est augmentée de nouvelles pièces pour chacune de ses différentes itérations en France comme à l’international.

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Engagées

À la Fondation Villa Datris, 64 artistes femmes n’ont pas hésité, elles, à prendre leur envol dans une exposition au titre sans équivoque : ENGAGÉES ne prend aucun détour pour rappeler la persistance des combats pour l'égalité et la nécessité de préserver les droits acquis par et pour les femmes.

5/11 Fondation Villa Datris - L’Isle-sur-la-Sorgue

ENGAGÉES

Longtemps marginalisées, les femmes artistes n'ont gagné en visibilité qu'avec les luttes féministes des années 1960, ouvrant la voie à la reconnaissance de leur art et de leurs revendications. En 2025, la Fondation Villa Datris présente ENGAGÉES, réunissant 64 artistes internationales. À travers des œuvres questionnant les grands enjeux contemporains, elles rappellent la persistance des combats pour l'égalité et la nécessité de préserver les droits acquis.

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Remodeler les récits

Puisant dans l'hétérogénéité des cultures d'Asie du Sud-Est, le « conteur », artiste et cinéaste Ho Tzu Nyen, brouille les frontières entre réalité, mythes précoloniaux, colonisation et dynamiques géopolitiques contemporaines dans 5 installations multimédia immersives à La Mécanique Générale (Luma Arles).

6/11 LUMA Arles - Arles

Jour spectral et contes étranges, Ho Tzu Nyen

Lieu : La Mécanique Générale

Jour spectral et contes étranges présente cinq installations multimédias et immersives recouvrant vingt ans de création, ainsi qu’une nouvelle commande, Phantoms of Endless Day, qui s'inspirent d'un film inachevé ayant été reséquencé, reconstruit et narré par des procédés d’intelligence artificielle pour brandir le spectre des derniers jours de la Seconde Guerre mondiale dans son pays natal.

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Sortir de l’ombre

Inspiré par le jazz, le funk ou la mode, le photographe africain-américain Kwame Brathwaite revendique à la fois l’héritage du continent africain et les aspirations de la minorité africaine-américaine. 

7/11 Centre de la photographie de Mougins - Mougins

Black is beautiful, Kwame Brathwaite

Le travail du photographe new-yorkais Kwame Brathwaite est à l’honneur au Centre de la photographie de Mougins. Célèbre fondateur du mouvement Black is Beautiful dans les années 1950-1960, il a dédié sa carrière à la mise en lumière de la « beauté » noire dans toute sa puissance et sa diversité. Nourri d’influences multiples, des pensées de Marcus Garvey (militant précurseur du panafricanisme) aux musiques jazz, funk et blues, il a photographié des figures emblématiques telles que Stevie Wonder, Muhammad Ali ou encore Bob Marley. Cette première rétrospective européenne en témoigne et permet de se pencher sur une carrière à la fois engagée, brillante et prolifique.

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Les fleurs sont des armes

Dans le monde réinventé des photographes Fatimah Hossaini et Oriane Zerah, présentées au Musée Jean-Honoré Fragonard, à Grasse, les hommes afghans offrent des fleurs aux femmes libérées de la burqa et abandonnent leurs armes, incarnant un Afghanistan loin des conflits et des souffrances.

8/11 Musée Jean-Honoré Fragonard - Grasse

Femmes dévoilées et hommes en fleurs, un autre visage de l'Afghanistan

Cette exposition, portée par les photographies de Fatimah Hossaini et Oriane Zerah, invite à un dialogue visuel dans lequel les hommes afghans offrent des fleurs aux femmes libérées de la burqa, créant ainsi un univers imaginaire et utopique symbolisant la liberté et l'espoir. Dans ce monde rêvé, les hommes abandonnent leurs armes, et les femmes chantent et dansent, incarnant un Afghanistan résilient et réinventé, loin des conflits et des souffrances.

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S’engager pour l’océan

Plus de 20 artistes exposés à la Villa Arson mènent une exploration chorale des principaux défis de l’Océan à travers des approches critiques et documentaires ainsi que des expressions plus sensorielles, poétiques ou spéculatives.

9/11 Villa Arson - Nice

Becoming ocean : a social conversation about the ocean

Organisée dans le cadre de la Biennale des Arts et de l’Océan de Nice, l’exposition explore de façon chorale les principaux défis de l’Océan à travers des approches critiques et documentaires ainsi que des expressions plus sensorielles, poétiques ou spéculatives. Elle réunit plus de 20 artistes internationaux, dont Max Hooper Schneider, Antoine Bertin, Anne Duk Hee Jordan, Laure Winants ou encore Armin Linke.

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Symboles de résistance

À Toulon, le MAT convoque les pionniers du mouvement street art — Keith Haring, Jean-Michel Basquiat et surtout Banksy —,  tandis qu’une exposition poético-fantastique de Makiko Furuichi appelle à une résistance à l’obsolescence programmée. 

10/11 MAT - Toulon

Bansky avant/après, une (r)évolution

Le street art est l'un des phénomènes les plus dynamiques et les plus influents de l'art contemporain. L'exposition offre un large aperçu de ses différents courants artistiques, styles et techniques. La scène française est représentée par des figures historiques (Miss.Tic, Gérard Zlotykamien), mais aussi des artistes actuels (JR, Invader…). Une attention particulière est accordée à Keith Haring, Jean-Michel Basquiat et surtout Banksy, qui incarne une véritable ligne de démarcation vers la reconnaissance mondiale.

En parallèle, le MAT valorise sa collection au sein du cabinet d’arts graphiques avec une présentation exceptionnelle d’œuvres d’Ernest Pignon-Ernest. Son travail pionnier, iconisé et repris par des générations d’artistes, est emblématique du développement de l’art urbain.

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11/11 Le Port des Créateurs - Toulon

Un vent d'avance, Makiko Furuichi

Lieu : Galerie du Canon TPM

Makiko Furuichi propose une réflexion sur les liens entre tradition et modernité, consumérisme et résilience. Les Yōkai, figures surnaturelles nées d'un imaginaire ancien, deviennent ainsi les symboles d'une résistance à l’obsolescence programmée, nous rappelant que chaque objet a une histoire et une force qui peuvent se révolter contre l'oubli.

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