La Villa Noailles
Nous sommes en 1923 au cœur des années folles. Proches des avant-gardes (dont Jean Cocteau), et adepte d’esthétique radicale, le vicomte de Noailles et sa femme Marie-Laure se sont enfin décidés. Ils commandent à l'architecte Robert Mallet-Stevens une villa d’été d’un genre très nouveau. Fonctionnalité, luminosité et épure : la bâtisse voit le jour deux ans plus tard et, à rebours du style Art Déco de l’époque, fait la part belle aux terrasses et aux jardins ; parmi lesquels le célèbre jardin cubiste de Gabriel Guévrékian. Le lieu accueille en grandes pompes mobilier transformable et/ou intégré à l’architecture : les créations d’Eileen Gray, de Charlotte Perriand, de Marcel Breuer… Situé sur la colline dominant la ville d’Hyères, cette villa tout confort devient alors, grâce à la générosité du couple et son ouverture d’esprit, un véritable écrin aux avant-gardes. Dalí, Giacometti, Picasso, Man Ray, Cocteau y séjournent. Buñuel y tournera même en 1929 son premier film surréaliste, Les Mystères du château de Dé.
La Villa E-1027 d'Eileen Gray
Au début des années 20 à Paris, ils tombent amoureux et décident de célébrer leur idylle avec la création d’une villa. La femme, Eileen Gray, est alors réputée pour son mobilier en tubes de métal, et Jean Badovici pour avoir fondé la revue L'Architecture Vivante. C’est lui qui convainc sa compagne designer d’entrer en architecture. En 1926, le premier coup de pioche est donné à Roquebrune-Cap-Martin. Construite sur pilotis et jouissant d’une imprenable sur la Méditerranée, la villa a l’allure d’un bateau échoué sur le littoral. Eileen Gray donne aux formes modernistes, qu’elle juge un peu froides, des allures plus sensuelles. Elle imagine également le mobilier intérieur, et distille son humour sur les murs, y inscrivant des formules telles que « Entrez lentement » ou « Défense de rire ». En 1996, le lieu est tristement laissé à l’abandon, inondé par la pluie, squatté, le mobilier dispersé…. Une campagne de restauration est heureusement engagée dès 1999. Les architectes Claudia Devaux, Burkhardt Rukschcio et Renaud Barrès mènent alors l’enquête et parviennent à restaurer la villa à partir de témoignages et d’archives.
La Fondation Maeght
Avant de devenir une des plus importantes fondations d’art moderne, la demeure des Maeght à Saint-Paul-de-Vence accueille déjà une belle ribambelle d’artistes. À Saint-Paul-de-Vence, au mas à Saint Bernard, Braque, Miro ou encore Prévert rendaient visite à leur amis « Aimé et Guiguite », célèbres marchands d’art à Paris, exposant entre autres Chagall, Calder et Giacometti. Le lieu tel qu’on le connaît aujourd’hui - avec ses célèbres toits en pagode - sort de terre en 1964, sur une idée de George Braque et d’André Malraux alors que les Maeght vienne de perdre leur fils… Endeuillé, le couple confie la construction de leur nouvelle fondation au chef de file du modernisme espagnol, Josep Lluís Sert. Ce dernier imagine une mini-cité composée de cinq villas, d’ateliers, d’une église… De nombreux artistes séjournent alors dans ce cadre pour le moins idyllique avec ses bois environnant, son patio, son bassin décoré par Braque, sa Cour Giacometti, son Labyrinthe Miró… Ici, art, nature et architecture sont en symbiose.