Qui est Banksy ? C’est la grande question ! Personne ne le sait, ou presque… A Bristol, sa ville natale, tous ceux qui le connaissent, anciens camarades de classe ou voisins, gardent jalousement le secret de son identité. Même quand un journal anglais a offert une somme rondelette pour une photo de Banksy, personne n’a accepté de rompre le pacte du silence. A Bristol, la solidarité et le sentiment d’appartenance ne sont pas de vains mots. Un véritable mystère réside autour de l’œuvre de l’artiste.
Une de ses premières œuvres, Pulling the Plug, apposée sur la fontaine de la mairie en 2001, a été effacée par le City Council, qui pratiquait alors la politique « zéro tolérance » en matière d’expression murale et n’a que très moyennement apprécié le message contestataire de l’artiste. Nombre de pièces de Banksy ont connu un destin mystérieux. La Fille au Ballon (Girl with Balloon), a été partiellement autodétruite en octobre 2018 afin de dénoncer la marchandisation de l’art. Ironie de l’histoire, trois ans plus tard, l’œuvre tronquée, rebaptisée L'amour est dans la poubelle (Love is in the Bin), s’est vendue aux enchères près de 18,6 millions de livres (soit 21,8 millions d'euros) chez Sotheby's, à Londres. Morons (« crétins », en français), représentant une vente aux enchères d’œuvres d’art avec cette inscription : “I can't believe you morons actually buy this shit” (« Je n’arrive pas à croire que vous, crétins, achetiez vraiment cette merde. »), fut acquise 95 000 dollars (près de 80 000 euros) par la société Injective Protocol (plateforme de finance décentralisée), qui la brûla volontairement en direct sur Twitter pour la vendre sous sa forme numérique (NFT).
Plein Sud : Pourquoi une exposition autour de Banksy à Toulon ?
Brigitte Gaillard : Le street art est un art extrêmement populaire, qui possède un ancrage local très fort, avec de nombreuses manifestations sur tout le territoire. C'est pourquoi lorsque 24 Ore Cultura nous a proposé une collaboration, nous avons trouvé pertinent d'exposer des œuvres d'art urbain, ce qui nous a permis de surcroît de mettre en valeur notre propre collection d'art contemporain.
P.S. : D’où viennent les œuvres exposées ?
B.G. : Toutes les œuvres présentes dans l'exposition sont prêtées par des collectionneurs privés. En revanche, nous avons dédié un parcours spécifique dans nos collections d'art contemporain. Et une exposition consacrée aux œuvres d'Ernest Pignon-Ernest, pionnier de l'art urbain, présentes dans notre fonds, se tient simultanément dans notre cabinet d'Arts graphiques.
P.S. : Après Warhol au musée de Hyères, voici Banksy à Toulon. Des artistes phares. Pensez-vous attirer un nouveau public avec cette exposition ?
B.G. : L'un des enjeux du musée est de sortir du public d'habitués pour s'ouvrir au plus grand nombre. Il est vrai que l'attrait d'une figure mondialement connue comme Banksy permet d'attirer un public plus jeune, moins familier des institutions culturelles. En somme, ce type d'exposition est aussi une porte d'entrée afin de créer de nouvelles habitudes et pratiques culturelles. La plupart des visiteurs de l'exposition découvrent ensuite la collection du MAT présentée dans les salles permanentes. Enfin, nous cherchons également à diversifier notre public en attirant les nombreux visiteurs étrangers de la région.
P.S. : Quelle est l’orientation artistique du musée et de la collection du MAT ?
B.G. : Depuis la rénovation du musée et sa réouverture il y a 5 ans, à Toulon, le MAT met en scène dans la présentation permanente deux grands axes de ses collections : le paysage au XIXe siècle et l'art contemporain des années 1960 à 1980. On trouve dans la collection des œuvres aussi emblématiques que Le Sein de César, le Portrait de Martial Raysse par Yves Klein, ou le monochrome Gris de Gerhard Richter…. Cette diversité et la pluralité de collections permet au MAT de créer des expositions variées et pertinentes à partir des fonds propres, mais aussi de dialoguer et d'accueillir des expositions d'envergure en partenariat avec des institutions internationales.