Plein Sud : L'HDE Var s’attèle au phénomène universel des fantômes à travers une approche sans précédent, mêlant anthropologie, art et culture. Que raconte cette immersion unique, entre monde des vivants et au-delà, et quelle en est la genèse ?
Ricardo Vasquez : L'exposition Fantômes vise à interroger cette figure familière, aussi inquiétante que rassurante, en proposant un regard croisé entre différentes disciplines : archéologie, littérature, bande dessinée, arts premiers, science et art contemporain se mobilisent pour essayer de comprendre quelle est l'utilité, de toute évidence très importante pour les vivants, des fantômes. Nous avons donc travaillé très étroitement, Philippe Charlier (commissaire général, médecin légiste et anthropologue), Pascal Orsini (commissaire pour la bande dessinée) et moi-même, pour construire un parcours qui résonne dans nos inconscients mais qui mobilise également notre intelligence.
P.S. : Conçue comme une investigation unique multidisciplinaire, l’exposition explore un champ du surnaturel rarement abordé. Quelle était votre intention ?
R.V. : Aborder cet univers des esprits donne l’occasion de nous interroger sur notre rapport à cette figure de l’invisible, sur ce qu’il dit de nous, de nos peurs et de nos espoirs. Philippe Charlier, le commissaire principal de l’exposition, résume bien l’intention de l’exposition :
« Nous ne cherchons pas à savoir si les fantômes existent, mais pourquoi presque tout le monde y croit ».
P.S. : L'œuvre de Boltanski est toute entière traversée par les fantômes. Pourquoi le travail de cet artiste est-il, selon vous, emblématique de cette exposition ?
R.V. : Christian Boltanski a beaucoup réfléchi sur le souvenir, la perte, le deuil ou encore la mort, qu'il s'agisse de celle de l'enfant que nous avons été et qui a disparu ou d'anonymes. La présence sous-jacente de la Shoah, très rarement explicite, est également un trait majeur de son travail. La dimension spirituelle, parfois métaphysique, s'articule avec l'onirisme d'une œuvre comme Ombre, que nous avons la chance de pouvoir montrer, aux côtés de Monument et de Reliquaire.
P.S. : Quels autres artistes va-ton rencontrer ?
R.V. : L'exposition présente à peu près 300 œuvres de tous les continents et époques. Elle expose de nombreux artistes parmi lesquels nous pouvons citer Roger Balen, Alain Fleischer, Bernard Plossu, Sophie Calle, Enki Bilal, Jacques Tardi, Morris, mais aussi Victor Hugo, Odile Redon, Gustave Moreau, Guy de Maupassant ou la collection mexicaine de François Reichenbach.
P.S. : Dans quel contexte est né ce musée et quelle est son ambition et sa ligne directrice ?
R.V. : Le département du Var a souhaité en 2016 proposer aux habitants du centre Var un lieu qui présente des expositions de niveau national. Cette ambition a été renforcée depuis 2023 par la volonté des élus d'assurer un accès à la culture pour tous. Sa vocation est de porter un regard sur l'histoire et les civilisations en mobilisant l'ensemble des médiums et disciplines artistiques, dont évidemment l'art contemporain.
P.S. : Le musée possède-t-il une collection ?
R.V. : Le département du Var possède plusieurs collections (art contemporain, archéologie, sciences naturelles ou Arts et traditions populaires) mais l'HDE Var ne possède pas de collection propre. Sa vocation est de proposer des expositions temporaires en passant des commandes artistiques (dernièrement, Stéphane Thidet, le couple Poirier ou Camille Grandval) et en faisant appel à de nombreux prêteurs : musées et institutions nationaux, internationaux , CNAP, FRAC, BNF, galeries ou prêteurs privés.
P.S. : Le musée est-il ouvert toute l’année ?
R.V. : Il est ouvert pendant les deux expositions temporaires que nous organisons chaque année. De juin à septembre/octobre et de décembre à Mars/avril.
P.S. : Pouvez-vous me parler de Draguignan et ses environs ?
R.V. : La ville de Draguignan a été le chef lieu du Département depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu'à 1974, date à laquelle il a été transféré à Toulon. Elle possède de nombreux équipements culturels, surtout si on les met en relation avec sa population d'un peu plus de 40 000 habitants : trois musées labellisés "Musée de France" dont un très beau musée des Beaux-Arts municipal, un conservatoire de musique/danse, une grande médiathèque, plusieurs cinémas. Le Département du Var y possède pour sa part l'HDE Var, les archives départementales et la médiathèque départementale.
P.S. : L'abbaye de La Celle, voisine, est-elle également un équipement du conseil départemental du Var ?
R.V. : Oui, c’est un monument historique recevant depuis plusieurs années des expositions de photographie contemporaine. Des artistes comme Barbara Luisi, Raphaël Dallaporta ou Georges Rousse y sont accueillis. Nous gérons également un Muséum d'histoire naturelle labellisé "Musée de France" à Toulon, un Écomusée au Beausset, et nous lançons la rénovation du couvent royal à Saint Maximin dans lequel sera installé un musée médiéval accompagné d'un jardin.
P.S. : Quelle sera votre prochaine exposition ?
R.V. : Notre prochaine exposition, qui débutera le 12 décembre 2025 portera sur les carnavals d'ici et d'ailleurs. Elle concernera également de nombreux médiums et disciplines.